Paris, « capitale du 19ème siècle » comme l’appelait Walter Benjamin, fut la ville où s’inventa en grande partie la photographie moderne. Au début du 20ème siècle, elle polarise les avant-gardes internationales et devient le lieu d’expérimentation pour une photographie d’art. Egalement centre de la mode et du chic européen, les plus grandes agences photographiques s’y installent. Durant la seconde partie du siècle, la ville demeure le vivier d’une culture branchée.
Voici un article qui revient sur les destinées de 10 photographes parisiens, étant nés ou ayant œuvré dans la région parisienne au cours de leur carrière.
Des photographes parisiens du 19ème siècle
Le 19ème siècle est à la pointe des recherches sur l’optique par le biais de peintres qui ont encore une approche scientifique de leur art. Elle est aussi proche des autres pratiques médiatiques comme la caricature et la gravure.
L’inventeur Daguerre
D’abord peintre et décorateur de théâtre, ses recherches sur la lumière le conduisent à expérimenter avec le diorama. Cette attraction foraine repose sur un principe d’illusion d’optique. Une très grande toile évolue selon l’éclairage auquel elle est soumise : elle passe, par exemple, de la journée au couchant, ou bien se couvre de brouillard.
Par la suite, Daguerre remporte le titre d’inventeur de la photographie en achevant les travaux de Nicéphore Niépce. Cet ingénieur, inventeur de l’héliographie (littéralement, l’écriture du soleil), est l’auteur en 1827 de ce que l’on considère aujourd’hui comme la première photographie, le Point de vue du Gras. Ce dernier décède en 1833. et Daguerre améliore et dépose son procédé sous le nom de « daguerréotype ».

Le portraitiste Nadar
Félix Tournachon de son vrai nom est à l’origine un caricaturiste ayant collaboré aux redoutables Charivari et Journal pour rire. Après avoir réalisé le Panthéon Nadar, gigantesque fresque des hommes de lettres de son temps, il se lance en 1854 dans la photographie. Il réalisera dans son jardin d’hiver le portrait de grands artistes de son temps : les écrivains Zola ou Maupassant, les compositeurs Hector Berlioz ou Franz Liszt, le peintre Edouard Manet, l’anarchiste Bakounine, la comédienne Sarah Bernhardt…. Il est également un pionnier de la photographie aérienne.

Le photographe documentaire Eugène Atget
A la fin du siècle, ce photographe décide de lancer une collection de photographies documentaires de Paris à destination des peintres et des architectes. Très rapidement, les institutions se montrent également intéressées par ses travaux. Il réalise de grandes séries sur les travaux d’urbanisme de la capitale, mais aussi le Paris pittoresque et les petits métiers en voie de disparition. Pour son travail d’archiviste de la culture du tournant du siècle, il sera surnommé le « Balzac de la caméra ».

Des photographes parisiens du début du 20ème siècle
A cette époque, la photographie a gagné ses galons d’art. Cependant, elle étend désormais son empire et règne dans les magazines, qu’ils soient des hebdomadaires d’informations ou périodiques dédiés à la mode.
Le photographe Man Ray
Américain de naissance, il fréquente les milieux d’avant-garde new-yorkais du photographe Alfred Stieglitz et rencontre ainsi Marcel Duchamp. Devenu très ami avec le peintre, il arrive à Paris où il participe aux mouvements Dada, puis surréaliste. S’installant à Montparnasse, il fait de la modèle Kiki de Montparnasse sa muse et réalise le portrait de très nombreux artistes de sa génération : Jean Cocteau, André Breton, Salvador Dali… Il collabore également au magazine de mode Vanity Fair. Avec sa maîtresse la photographe et reporter de guerre Lee Miller, il révolutionnera la technique de l’époque en recourant à la solarisation.
Il est enterré au cimetière du Montparnasse.

La surréaliste Dora Maar
Henriette Theodora Markovitch a suivi un cursus d’art et fut d’abord photographe professionnelle. Puis elle s’accoquine avec les surréalistes. Devenue l’amante de Georges Bataille, puis la muse de Picasso, elle se mettra à la peinture suite à leur rupture. Elle a réalisé de nombreux portraits de grandes personnalités de son temps comme Jacques Prévert, Paul Eluard, Jean Cocteau, André Breton…

L’agence d’Hélène Roger-Viollet
Animée par la passion de son père pour la photographie et le militantisme de sa mère, Hélène Roger-Viollet est une des rares femmes journalistes de l’époque. En 1938, elle fonde la Documentation Roger-Viollet qui deviendra une agence de presse internationalement réputée pour la photographie d’actualité dans les années 1960. armée de son Rolleiflex, elle parcourt le monde en quête de documentations complémentaires avec son mari Jean Fischer. Ce dernier l’assassinera tragiquement à l’âge de 83 ans.
Aujourd’hui, le fonds photographique légué à la Ville de Paris dépasse les 6 millions d’images.

Retrouvez la suite de notre article retraçant les destinées de 10 photographes parisiens du 20ème siècle dans « 10 photographes parisiens (partie 2) » !



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